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La chance

Le jeudi en poésie des Croqueurs à la barre Martine ...

en lui souhaitant bonne chance !

Article programmé

 

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En tes rêves, en tes pensées, 
En ta main souple, en ton bras fort, 
En chaque élan tenace où s'exerce ton corps 
La chance active est ramassée.


Dis, la sens-tu, prête à bondir 
Jusques au bout de ton désir ? 
La sens-tu qui t'attend, et te guette et s'entête 
A éprouver quand même, et toujours, et encor 
Pour ton courage et pour ton réconfort 
Le sort ?


Ceux qui confient aux flots et leurs biens et leurs vies 
N'ignorent pas qu'elle dévie 
De tout chemin trop régulier ; 
Ils se gardent de la lier 
Avec des liens trop durs au mât de leur fortune ; 
Ils savent tous que, pareille à la lune, 
Elle s'éclaire et s'obscurcit à tout moment 
Et qu'il faut en aimer la joie et le tourment.



En tes rêves, en tes pensées, 
En ta main souple, en ton bras fort, 
En chaque élan tenace où s'exerce ton corps 
La chance active est ramassée.



Et tu l'aimes d'autant qu'elle est risque et danger, 
Que balançant l'espoir comme un levier léger 
Elle va, vient et court au long d'un fil qui danse. 
Il n'importe que le calcul et la prudence 
Te soient chemins plus sûrs pour approcher du but. 
Tu veux l'effort ardent qui ne biffe et n'exclut 
Aucune affre crédule au seuil de la victoire 
Et tu nourris ainsi comme malgré toi 
Ce qui demeure encor de ton ancienne foi 
En ton vieux coeur contradictoire.



La chance est comme un bond qui s'ajoute à l'élan 
Et soudain le redresse au moment qu'il s'affaisse. 
Elle règne au delà, de la stricte sagesse 
Et de l'ordre précis, minutieux et lent. 
Elle est force légère et sa présence allie 
On ne sait quelle intense et subtile folie 
Au travail ponctuel et chercheur des cerveaux. 
Elle indique d'un coup le miracle nouveau. 
Les hommes que la gloire aux clairs destins convie 
Ont tous, gràce à son aide, incendié leur vie 
De la flamme volante et rouge des exploits. 
Ils ont crié que la fortune était leur droit 
Et l'ont crié si fort qu'ils ont fini par croire 
Qu'ils tenaient l'aile immense et blanche des victoires 
Sous les poings rabattus de leur ténacité. 
Oh ! dis, que n'auraient-ils réussi ou tenté 
En notre âge d'orgueil, de force et de vertige 
Où le monde travaille à son propre prodige ?


En ta main souple, en ton bras fort, 
En chaque élan tenace où s'exerce ton corps, 
En tes rêves, en tes pensées, 
La chance active est ramassée.

 

Émile VERHAEREN



02/10/2014
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